Bien entendu, avec de la voie étroite, on ne peut faire que dans le foutraque. Je suis donc parti sur un wagon plat, assez vieux, qui aurait été converti à la va-vite pour le transport de passagers, par le simple ajout de bancs et d’une structure en toile qui rappellera les wagons de la conquête de l’Ouest.
Construction
La construction du châssis est faire en impression 3D, pour garantir la rectitude des différents éléments. L’impression filaire donne un aspect bois veiné qui n’est pas déplaisant. Le plancher est réalisé en profilé plastique Evergreen. L’aspect veiné du bois est fait à la lime à ongles, les extrémités de chaque profilé sont taillées pour évoquer une planche qui se délite. Un endroit du châssis à reçu un coup, sans doute une attaque de bandits ?
Les bogies viennent de chez Tomytec, pris sur un wagon de la gamme Nekoya Line. Un des bogies reçoit une timonerie de freins, également imprimée en 3D : on ne badine pas avec la sécurité ! Le reste de la timonerie (dispositif à cliquet) est créé avec des chutes de plastique ; la chaîne vient de chez Aber.
Les côtés du wagon sont d’authentiques planches en plastiques, elle aussi tirées de profilés Evergreen, tout comme les renforts verticaux. Chaque planche est traitée comme indiqué plus haut, puis l’assemblage d’un ensemble de planches est traité comme un tout. Ainsi, j’ai ajouté des marques de clous, ainsi que trous dans les planches, dus à tout événement que vous souhaiteriez imaginer ; pour ma part, je reste sur l’attaque de bandits. Cela donne un certain « cachet » !
Une structure de lattes de bois, en pur plastique, permet de tenir la bâche. Leçon apprise : trop de colle coupe le plastique fin...
Les ferrures pour tenir les montants sont modélisés en 3D, tout comme la caisse (couverte d’une planche) qui accueille le contrôleur/freineur/gardien/premier-défenseur-si-assez-payé. Le volant de frein est aussi une pièce en 3D.
Conformité
Étrangement, la conformité est celle de la pratique de la voie étroite : ça a du exister quelque part. La structure du wagon reprend celle des wagons a bogie en bois de la fin du XIXe siècle. Un cadre fait de poutres, renforcé par des tirants en métal.
Le bâchage sera celui d’un chariot de la conquête de l’Ouest des USA. Est-ce une bonne idée d’avoir une toile en tissu pas loin d’une locomotive à vapeur ? Cela s’est vu, notamment sur des chemin de fer secondaires français, avec une bâche sans doute prévue pour mieux tenir aux intempéries ou au feu. Disons que les personnes qui composent le train auront intérêt à bien positionner cette « voiture » en queue de convoi !
Détails
Difficile de détailler davantage car les détails font partie de la construction. Ce type de wagon (qui mérite de garder ce nom) est souvent détaillé au plus pratique. Ce qui en fait le charme, c’est justement leur dépouillement.
Finition et lettrage
Préalablement à la peinture, j’ai intégralement couvert le wagon avec un apprêt Valllejo noir (74.602), suivi, une fois sec, d’un passage de blanc (peinture Vallejo Air 71.001) projeté zénithalement. Cette technique, connue des modélistes militaires, permet de créer des ombres artificiellement.
La peinture a été quatre heures de plaisir. À l’aérographe, un léger voile de gris-beige (Vallejo Concrete 71.1314) dilué est projeté sur l’ensemble du modèle. Cela donne une sous-couche unifiée.
Je passe ensuite au pinceau, et je sors toutes mes teintes évoquant le bois vieilli : gris, bruns et beiges, mais aussi des jaunes pâles ou du marron plus rougeâtre. Je n’ai pas tenu la liste car tout à rapidement fini mélangé sur ma palette.
Chaque planche a été reprise au pinceau pour lui donner une teinte unique. Cela semble disgracieux quand on le fait, mais l’étape d’après remet tout à sa place : un bon lavis sombre ! Pour l’intérieur du wagon, j’ai choisi le Vallejo Wash Light grey 76.5155 ; l’extérieur à lui reçu son cousin Dark grey 76.517.
Ceci étant fait, j’ai laissé sécher le temps d’une tisane pour ensuite passer aux plus petits détails : les arceaux ont reçu une teinte Vallejo Air Wood 71.077, les éléments métalliques un coup de Vallejo Air Mahogany 71.036, toujours au pinceau. Les bancs et les bogies sont aussi traités en teintes directes
Puis vient le laborieux travail de surlignage des détails de chaque élément. Les extrémités des planches ou leurs arêtes (y compris entre deux planches !) ont reçu un soulignage de gris clair, beige clair ou blanc. Les impacts de balles sont en beige pâle, évoquant le bois arraché. Les arceaux sont aussi traités de cette manière.
Les éléments métalliques ont gagné en profondeur avec des passages d’ocre rouge, brun foncé de gris sombre... Idem pour les charnières de la caisse-siège, qui reçoit quelques teintes de bleu (il en restait d’un précédent projet sur ma palette...).
Le lettrage est minimal : le numéro du wagon.
L’élément qui finit tout : la bâche. Elle est faite en papier de soie tenu au médium acrylique. Les cordes sont en fil de couture ; c’est très chiant à nouer, mais ça rend bien !
Évaluation
L’évaluation a été faite le 26 octobre lors de la Convention de la NMRA British Region. Le modèle à pas eu de Merit Award, car manquant d’une base documentaire solide. Pensez-y si vous présentez un modèle : se baser sur une documentation solide et multiplier les détails rapporte des points !
Par ailleurs, il était « trop simple, même si bien exécuté ».
Si certains éléments ne sont pas comptés dans l’évaluation finale (roues, attelages...), cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas les négliger : un attelage plus 19e que celui à mâchoires aurait été mieux. Le mécanisme de freinage était lui trop moderne.
Ce n’est pas une surprise pour une construction faite en quelques soirées pour se détendre. J’ai appris pas mal de choses du processus de certification, afin de pouvoir proposer ce service en France. De plus ce modèle remplit les conditions pour le certificat global, qui demande un moyen de transport pour passagers : un truc de moins à penser !