L’éclairage du réseau miniature

Daniel Roth, excellent modéliste alsacien, m’a demandé de documenter comment mon réseau miniature est éclairé. Autant en faire profiter qui en a besoin !

Il existe des centaines de techniques d’éclairage, et toutes ont leur avantages et leurs inconvénients. Mon choix a porté sur un système robuste et intégré à mon réseau.

Avec ma solution, avant de penser à l’éclairage, le choix de la structure d’un réseau est à prendre en compte.

Showcase mon amour

Je suis un fervent adepte de la présentation en « showcase »1. Pour résumer le principe, le showcase est une boîte, qui permet de créer une scène pour les trains qui le traversent. La boîte, ou l’assemblage des boîtes, permettent de créer une scène délimitée, permettant au regard de se focaliser sur le train.

Les showcases augmentent vos possibilités modélistiques, avec un fond de décor lié à la scène, et vous permettent de choisir une lumière particulière pour la scène (oh, tiens !).

Par rapport à un simple bandeau haut, à l’avant du réseau, destiné à guider le regard, avoir un vrai plafond reste le meilleur moyen de protéger votre module de la poussière domestique. Le plafond permet également de mieux travailler l’éclairage ; on y reviendra.

Vous pouvez également stocker ou déplacer les modules en les empilant, une option confortable lorsque vous vivez dans un petit endroit, ou quand vous déplacez votre réseau en expo. Dans ce dernier cas, transporter le réseau se fait en fermant les côtés ouverts (et encore).

Créer ces boîtes n’est pas compliqué si l’on sait découper correctement du contreplaqué et l’assembler. La boîte a une géométrie simple. Faites attention à la longueur pour avoir un module qui sortirait de votre pièce ou entrerait dans votre voiture. Vous pouvez séparer une scène en plusieurs modules si vous le souhaitez, comme je l’ai fait pour mon réseau, composé de quatre boîtes.

Mon réseau a été conçu pour ce type de présentation dès sa conception. La menuiserie a donc été faite en conséquence. Si votre réseau n’est pas fermé, il peut être possible de le convertir pour y ajouter un plafond et la lumière. Cela va dépendre de la structure que vous avez adoptée. Pour le réseau de Daniel, ajouter un plafond n’est pas impossible, car le fond de décor est soutenu par de gros tasseaux en bois.

Un court extrait du superbe réseau de Daniel

Quatre points clés pour la lumière

L’éclairage d’un réseau miniature a pour but de :

  • magnifier l’intégralité la scène, le réseau ;
  • préserver le réseau d’un éclairage externe ;
  • renforcer l’immersion dans la scène, avec un éclairage adapté ;
  • supprimer les ombres.

Un réseau éclairé par le lustre d’une pièce, ou par les spots d’une salle polyvalente, ne sera pas beau. Il est vital de fournir un éclairage approprié pour que vous (et toute personne venant voir votre œuvre) profitiez de votre réseau. Là dessus, il y a consensus, et il y a pléthore de solutions.

Cela passe par la maîtrise de l’éclairage, et le plus simple est de ne pas avoir d’influences extérieures. C’est pour cela que le showcase est, pour moi la meilleure technique : le principe de boîte avec un plafond fait que d’autres sources de lumière ne viendront pas impacter le travail que je présente.

L’immersion dans la scène est aussi important. La sensation de lumière n’est pas la même si vous êtes à Vancouver, Vesoul ou Valpareso ; et cela change avec la saison choisie. La lumière, si elle est bien choisie, permettra de donc de renforcer la sensation « d’y être ». Chaud désert ou froid printemps ne sont pas pareils : il est possible de « modéliser la lumière » en fermant la scène comme pour éviter l’éclairage parasite, et en choisissant la source lumière avec soin. De plus, intégrer cette lumière dès l’étape « menuiserie » permet de travailler la création du décor dans un environnement à « lumière constante » : le travail de la couleur est alors facilité du fait d’un éclairage stable et connu2.

Enfin, un des problèmes majeurs est d’avoir une source de lumière qui ajoute des ombres. Fréquemment, l’éclairage d’un réseau créé des zones moins éclairées ici et là, quand le soleil serait omniprésent. C’est fréquent sur la face avant du réseau. Cela n’est pas réaliste et peut gâcher une scène, avec les trains du premier plan qui restent dans l’ombre.

Mes choix d’éclairage

Partant de ces quatre constats, j’ai essayé de trouver une solution satisfaisante. À nouveau, ce sont mes choix que je présente, et c’est à vous de voir s’il faut les suivre. :)

Tout d’abord, la construction du réseau a été faite pour permettre l’éclairage de la face avant de celui-ci. J’ai créé un décrochement de la partie supérieure. Ainsi, les trains près du bord sont bien éclairés grâce à un éclairage posé à 45° (lumière 1 sur l’image ci-dessus). En sus, je bénéficie d’une petite étagère à l’avant du réseau (point A, 5 cm de profondeur), bien pratique pour poser certains objets ou pour protéger les tirettes commandant les appareils de voie. L’inconvénient est que cela retire un petit peu de surface pour les trains, cependant le gain en terme d’esthétisme, grâce à une lumière bien installée, en vaut le coup. Le rang 2 est au droit du bord avant du décor.

La lumière 3 apporte une chaleur qui se reflète sur le plafond du showcase ; elle permet de diffuser un peu de chaleur sur le reste du réseau, en complément de la lumière 1. Pour permettre le reflet de la lumière, l’intérieur du plafond (indispensable !) est peint en blanc.

La construction prend en compte le fait de supprimer les ombres, y compris celles générées par l’éclairage que j’ai mis en place. L’eclairage 1, à 45°, peut « plaquer » certaines ombres des premiers plans sur le fond de décor. Le rôle de la lumière 4 est de couper ces ombres. Cela fonctionne bien, mais il faut faire quelques essais pour avoir la bonne distance par rapport au fond ; j’ai opté pour 5 cm. De plus, vous aurez de bons résultats en évitant de placer des éléments de décor qui génèreraient des ombres (tours, poteaux, pylônes) trop en arrière sur la scène. Créer la lumière lors de l’étape de menuiserie vous permettra avantageusement de faire vos essais lors de la mise en place de vos structures.

Les rangs 2, 3 et 4 sont posés sur des baguettes afin de compenser la présence des couples qui soutiennent le plafond. Les rangs 1 et 2 vont jusqu’au bord des raccord de modules, permettent de limiter la coupure lumineuse. La distance entre les bâtiments de mon réseau et les rangs 2 et 4 est de 14 cm, avec une exception à 10 cm.

L’éclairage de mon réseau est composé de quatre jeux de rubans LEDs. J’ai fait ce choix pour sa légèreté, sa solidité et le peu de place que cela prend, un point important quand on prépare un réseau d’exposition. Par rapport aux tubes LED, la mise en place est un poil plus laborieuse, mais elle permet d’éclairer tous les points du réseau.

J’ai deux rangs de lumière chaude (2500 Kelvin), pour représenter la sensation de chaleur solaire (rangs 1 et 3), et deux rangs de lumière froide (2 et 4, >5000 Kelvin) présentant une lumière zéhithale. Le rang 4, froid, renforce aussi l’impression de « lointain » sur le fond de décor.

Les deux valeurs me donnent une lumière un peu froide, mais pas trop ; un printemps en Colombie-Britannique en somme ! Pour un réseau plus au sud, peut être renforcer la chaleur en changeant le rang 2 par une lumière chaude.

J’ai mis un inverseur pour commander le circuit froid et le circuit chaud, ce qui peut permettre de changer d’ambiance. Avoir le froid ou le chaud donne une impression un peu étrange...

Implantation des bandeaux de LEDs
Le scotch d’origine ne tient pas bien, je dois refixer les bandeaux de temps à autres.

Les LEDs sont en rubans. Pour les références, impossible de les retrouver ! J’ai acheté cela lors d’un de mes rares achats chez les chinois. J’ai acheté 5 rubans de chaque ; il m’en reste plein. Faites pareil si vous le pouvez, car cela vous permet de conserver la même source de lumière si vous prolongez votre réseau, l’équivalence de valeur n’étant pas garantie entre fabricants.

Sur une prochaine réalisation éclairée, je prendrai soin de placer un diffuseur entre les LEDs et le réseau, afin de supprimer le sensation d’avoir des milliers de soleils se réfléchissant sur le dessus des rails. Mais cela, peu de personnes le voient (ou osent me le dire).

Attention à bien calculer vos alimentations de LEDs, celles-ci pouvant être rapidement gourmandes en énergie. Chaque élément de mon réseauest câblé en parallèle. Si j’agrandis mon réseau, il faudra accroître l’alimentation, ou en prévoir une seconde.

Notes

↑ 1 Ou « shadowboxes » comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique.

↑ 2 J’ai prévu d’équiper ma cabine de peinture du même éclairage que sur mon réseau afin d’immédiatement voir le résultat final.